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Un séminaire de formation dédié à l’apport de l’information géographique dans la prise de décisions  publiques s’est tenu le jeudi 27 mars 2025 dans la salle de réunion de King’s Conférence Center à Bujumbura. Cet événement a été organisé  avec le concours du Bureau de Centralisation Géomatique (BCG), sous tutelle de la Primature burundaise, d’IGN FI et du LADEC, son partenaire au Burundi. Il avait comme objectif de favoriser une meilleure appropriation de l’Information Géographique (IG) par les décideurs institutionnels.

Une mobilisation d’acteurs stratégiques

Ce séminaire a rassemblé un large panel de participants issus d’institutions clés du pays. Parmi eux figuraient un représentant du Bureau d’Études Stratégique pour le Développement (sous tutelle de la Présidence), des cadres de ministères (environnement, agriculture, administration territoriale, protection civile, défense, santé, infrastructures, éducation, ...), des experts du BCG et de l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU), ainsi que des représentants des agences publiques de développement (OBUHA, FONIC, SETIC). Les universités et les partenaires techniques et financiers, tels que la Banque Mondiale, la Coopération suisse (DDC), l’Office International des Migrations (OIM), la FAO, le PNUD et l’Agence Française de Développement (AFD), ont également pris part aux discussions.

Les travaux de cet atelier ont démarré à 9 heures 04 minutes par des allocutions d’ouverture présentées par le représentant de l’IGN FI et le LADEC et le Secrétaire Permanent du BCG dans le but d’introduire aux enjeux du séminaire et à l’importance stratégique des informations géographiques, suivi d’un exercice de présentation individuel permettant aux participants et aux intervenants de se présenter.

Présentation introductive sur l’Information Géographique pour la Prise de Décision

Dans le but de donner aux participants une compréhension globale des outils et données géo spatiaux et de leur potentiel et de l’état des lieux au Burundi, le représentant de l’IGN FI et le LADEC et le Secrétaire Permanent du BCG ont fait une présentation introductive sur l’Information Géographique pour la Prise de Décision.

Dans son introduction, un membre de l’IGN FI a commencé par la présentation des différents types de données géospatiales et les a définies comme suit :

Il a ensuite parlé des avantages de l’IG et des contraintes qui entravent son utilisation. Selon lui, l’information géographique est d’une importance capitale  pour la planification et la gouvernance publique dans tous les secteurs du pays. Elle présente des avantages pour la prise de décision tels que la vision intégrée et prospective, l’amélioration de l’efficacité des politiques publiques et le renforcement de la coopération entre institutions. Mais, il a souligné que l’indisponibilité et la qualité des données, le coût élevé et capacités techniques limitées ainsi que les contraintes d’accès aux données entravent sa mise en application. Il a enfin signalé que la qualité et fiabilité des données, l’accessibilité et interopérabilité, la pertinence / adaptabilité aux usages, la gouvernance et le cadre institutionnel, la capacité d’analyse et d’intégration, l’acceptabilité et utilisation effective sont des conditions inaliénables pour que les données géographiques soient utiles et utilisables.

Après cette expression d’un membre de l’ING FI, le Secrétaire Permanent du BCG quant à lui, a procédé par la présentation de l’état de l’existant au Burundi. Dans sa présentation, il a mis en exergue les principaux  organismes impliqués dans la gestion de l’Information Géospatiale tels que le Bureau de Centralisation Géomatique (BCG), l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU), l’Institut National de la Statistique du Burundi (INSBU), l’Université du Burundi (UB) et le Cadastre National (CN). Il a ajouté qu’en plus de ces acteurs principaux, les partenaires au développement, tels que le Fonds Mondial, l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Union Européenne, la FAO, le PAM, la BM, l’UNICEF et le FNUAP jouent un rôle important dans l’utilisation et la production de données géospatiales dans le pays. Le Secrétaire Permanent a expliqué les forces et les faiblesses de la gestion de l’IG, par un bilan-Diagnostic reflétant les avancées réalisées et les défis à relever pour une gestion optimale de l’information géospatiale d’après les neuf orientations du cadre stratégique des Nations Unis de UN-IGIF.

L’expert au BCG a présenté une vie panoramique des projets et des opportunités d’utilité de l’Information Géographique au Burundi. Dans sa communication, il a inventorié les différents Projets de la Stratégie Nationale de l’information Géospatiale tels que :

Pour clore sa présentation sur ce sujet, l’expert au BCG a présenté différents Projets en cours d’exécution dans les Ministères notamment dans le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage , de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias et dans le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA.

Des échanges qui ont suivi ces présentations ont permis aux uns et aux autres de mieux comprendre les outils et le potentiel des données géo spatiaux ainsi que l’état des lieux au Burundi.

 

Déroulement des travaux proprement dit

Au total, deux (2) présentations ont été inscrit au programme et portaient essentiellement sur :

  1. Cartographie, planification territoriale et gestion des risques ;
  2. Information géographique au service de la gestion des ressources naturelles et foncière ;

Dans cette présentation, différents facilitateurs de l’IGN FI, du BCG   et de l’IGEBU ont explicité  sur la planification du territoire et gestion des risques.

Des expériences internationales inspirantes

L’intervenant de l’IGN FI s’est exprimé en premier lieu. Dans son expression, il a exposé plusieurs projets menés par IGN FI notamment en Ouganda, en Guinée, à Madagascar et au Burundi, illustrant la modernisation de la chaîne foncière et la mise en place de cartographies nationales basée sur la création d’une base de données de référence vectrice. Cela dans l’objectif de bien connaître parfaitement et maîtriser son territoire afin de pouvoir l’analyser et disposer d’aides à la décision fiable. Il a également mis l’accent sur la mise en place d’un géoportail, un outil facilitant l’accès aux données géographiques de référence, et sur la modernisation du réseau géodésique national. Cet outil permettra de partager l’information et booster l’efficacité des organismes utilisateurs, publics comme privés, chercheurs comme étudiants, et même grand public.

Au cours de ces présentations, la gestion des risques a fait aussi l’objet de discussions approfondies, avec un focus sur le projet de Gestion Intégrée des Inondations au Sénégal (PGIIS), suscitant un vif intérêt chez les participants. L’application de ces expériences pourrait grandement contribuer à la prévention des inondations au Burundi et à une meilleure gestion des ressources naturelles et foncières du pays.

Pour aboutir  à son objectif, ce projet a mis en œuvre différentes activités basées sur l’amélioration  des connaissances du risque d’inondation, réduction de la vulnérabilité des territoires au risque d’inondation, prévention des risques d’inondation et enfin le renforcement de la gouvernance du risque d’inondation.

En deuxième lieu, un expert au BCG a pris parole. Dans son intervention, il a exposé les résultats issus du projet de la cartographie multirisque, exécuté par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au Burundi sur financement de l’Union Européenne dans la Mairie de Bujumbura. Ces résultats de la cartographie multirisques étaient basés sur les aléas tels que : inondations, pluies torrentielles, vents violents, Glissements de terrains et tremblements de terres. Il a précisé que les résultats de la cartographie multirisque du Burundi sont accessibles sur la plateforme GeoNode et a donné aux décideurs qui étaient présents le  lien suivant : https://georisques.ub.edu.bi/# pour y accéder. Pour ce, cet expert a invité tous les décideurs de consulter ces résultats pour s’en servir dans la gestion des catastrophes et la planification. Dans son exposé, il n’a pas cessé de clarifier l’importance de l’utilisation de l’information géographique. C’est une condition indispensable aux nouvelles formes de gouvernance qui impliquent notamment une plus grande transparence sur les processus de prise de décision disait-il. Les nouvelles technologies sont actuellement considérées comme des solutions plus efficaces pour se prévenir et gérer les catastrophes. Il a clôturé son exposé en se posant la question de savoir si les résultats de la cartographie multirisque sont réellement utilisés dans la planification (implantation des nouvelles infrastructures, gestion des catastrophes,…).

En troisième lieu, un autre intervenant  de l’IGN FI a  pris parole  pour présenter l’Intérêt de la mise en place d’un réseau CORS national. Il a débuté sa communication en définissant le CORS comme un Continuously Operating Reference Station jouant le rôle  de soutenir l’administration foncière, l’aménagement du territoire, la construction (bâtis et réseaux) ou toute activité nécessitant des données géoréférencées de haute précision. Il a aussi défini le GNSS comme Global Navigation Satellite System (GPS, GLONASS, GALILEO…) qui intervient dans la mise en place d’un réseau fixe de stations GNSS , moderne fiable et précis, sur des lieux sécurisés, pour observer en permanence les constellations satellites, et fournir aux utilisateurs une correction en temps réel permettant d’obtenir un positionnement centimétrique. Le positionnement d’un CORS permet d’observer la position reçue sur un point de coordonnées connues et de propager la correction sur son propre point. Il a précisé qu’avec une station CORS, on évite de devoir placer un second récepteur sur une borne connue (réseau géodésique national passif). Son utilisation permet de réceptionner des sources de correction multiples, de couverture étendue, de robustesse (redondance si une station est indisponible), la communication directe avec le serveur ou post-traitement. Sa couverture nationale permet de disposer d’un réseau dense et homogène pour offrir une précision de qualité partout sur le territoire précise-il.

L’intervenant  a continué son exposé en disant que l’utilisation du CORS présente des avantages de gagner de temps et de gain financier. Il a souligne qu’en ce moment, on n’aura plus besoin de perdre du temps, du matériel et du personnel à stationner sur des points connus en même temps que sont faîtes les vraies observations sur l’élément d’intérêt.

Il a enchainé en disant que le réseau CORS fonctionne 24/7,  que les coordonnées corrigées sont fournies dans le système national et que le levé se fait directement  ou post-traitement. Il a fini son exposé en précisant que le CORS assure un contrôle qualité en direct car il accorde la possibilité d’observer les utilisateurs en temps réel sur une carte, la possibilité de recalculer les données a posteriori par utilisateurs, etc.

Un besoin de structuration et d’accès aux données

Les acteurs locaux ont présenté l’état des lieux du réseau géodésique et l’état des lieux du réseau GNSS-CORS au Burundi en matière de collecte et d’utilisation des données géographiques. Dans son allocution, le Directeur de l’IGEBU a précisé que le réseau géodésique est composé de 2 types de bornes géodésiques qui datent de l’époque coloniale. Le réseau géodésique de premier ordre débuté en 2012 est constitué de 18 points matérialisés au sol aux chefs-lieux des provinces exceptée celle Rumonge non encore observée et le réseau géodésique du second ordre, débuté en 2014 où ses activités continuent jusqu’à nos jours, les bornes déjà construites de ce réseau sont au nombre de 87 dont 37 observées et 50 non observées. Le directeur de l’IGEBU a rappelé que leur préservation est désormais sous la responsabilité des administrateurs communaux, suite à des campagnes de sensibilisation.

Concernant l’état des lieux du Global Navigation Satellite System- Continuously Operating Reference Stations ou Stations de Référence GNSS en Fonctionnement Continu (GNSS-CORS) au Burundi, le directeur a informé que ces stations GNSS-CORS ne sont pas installées. Il a souligné que leur mise en place dans le pays est essentielle pour améliorer la précision et la fiabilité des systèmes de navigation par satellite malgré le manque du financement.

Il a profité de cette occasion pour informer qu’il existe un  GNSS-CORS de marque Trimble R9 et de deux  GNSS Leica 500 qui ne sont pas encore installés suite au manque des accessoires. Il a fini son exposition en soulignant que la proposition d’installation du réseau GNSS-CORS couvrant tout le territoire national a été soumise aux différentes instances de décision.

De nombreuses échanges des participants ont suivi ces présentations et ont permis aux uns et aux autres de mieux comprendre l’importance d’utiliser l’information géographique pour mieux planifier et gérer les risques des catastrophes. La séance a été suspendu à 12 heures 15 minutes pour la pause-café. 

La reprise de la séance  était marquée par  la présentation des outils de suivi des cultures et/ou déforestation par télédétection par l’un des facilitateurs de l’IGN FI. Il a annoncé que les données issues de l’information géographique en libre accès constituent le support de suivi de l’activité agricole. Ces dernières sont indispensables pour détecter les zones de cultures, affiner l’identification des cultures et faire du suivi de croissance. Du point de vue sécurisation foncière, le présentateur de l’IGN FI a indiqué que l’ING FI intervient à toutes les étapes de la chaîne d’enregistrement des droits fonciers. Des enregistrements massifs des droits fonciers (Travaux de terrain, outils dédiés, production d’Actes Officiels) ont été réalisés par l’IGN FI au Burundi, dans les zones de Buhinyuza, Isare et Matongo sur 26 collines dans l’intervalle de 15/01/2021 au 31/03/2023.Ces activités ont été aussi réalisées à Madagascar.

Après ces présentations , des échanges  des différents participants ont permis de mieux comprendre le rôle et l’importance de l’information géographique dans la gestion des ressources naturelles et foncières.

Comme corollaire, retenons que les débats ont convergé vers la nécessité de renforcer les capacités des acteurs locaux, de construire des synergies et de mettre à jour le socle des données de référence (imagerie nationale, carte topographique et administrative, réseau géodésique) en mettant en place une plateforme de type portail pour faciliter l’accès et le partage de l’information géographique. Cette démarche permettrait d’optimiser l’utilisation des données géospatiales dans tous les secteurs du pays, en facilitant une prise de décision informée et stratégique.

L’ordre du jour étant épuisé, un représentant du BCG et des organisateurs de l’IGN FI et le LADEC ont déclaré clos l’atelier de formation en résilience et durabilité à 15heures 04 minutes dans une ambiance cordiale.